Mal-être au travail : 10 métiers qui rendent les Français malheureux
Trouver le bien-être et le bonheur au travail est une préoccupation majeure des jeunes générations d’actifs. Publiée en 2018, une étude du DARES nous alerte sur ces métiers où le mal-être prédomine. Risques physiques et psychosociologiques, manque d’autonomie et de valorisation, ou encore rémunération insuffisante, les facteurs sont variés, et parfois mal compris. Quelles sont ces professions qui usent le moral ?
Quels sont facteurs du mal-être au travail ?
Une nouvelle étude du Ministère du Travail met en lumière les différentes situations professionnelles dans lesquelles un mal-être peut se faire sentir. Elles sont au nombre de 9 :
- La pénibilité physique : contraintes physiques lourdes, environnement de travail bruyant, exposition à des produits toxiques ou à une toxicité aérienne (poussières, fumées…) ;
- Les contraintes d’organisation du temps de travail : travail de nuit ou le dimanche, charge horaire importante, horaires décalés, etc. ;
- L’intensité du travail : lourde charge de travail, urgence permanente, consignes contradictoires, obligation de sacrifier la qualité à la quantité… ;
- Les conflits éthiques : réalisation de tâches que l’on désapprouve, tensions avec le public, travail avec des personnes en situation de détresse, nécessité de dissimuler ses émotions, etc. ;
- L’insécurité de la situation de travail : crainte de perdre son emploi ou de subir une mutation, anticipation anxieuse de changements imprévus, peur pour sa sécurité ou celle des autres ;
- L’absence d’autonomie : impossibilité de modifier ses délais, de régler soi-même les incidents, d’interrompre son travail quand on le souhaite, subir des tâches répétitives, incapacité à développer ses compétences… ;
- Le défaut de soutien social : manque de coopération sur le lieu de travail, pas ou peu d’aide reçue de la part de son supérieur, traitement inéquitable, etc. ;
- Le manque de reconnaissance : sensation de ne pas être utile à l’autre, de ne pas être respecté et estimé pour son travail, de ne pas être fier de son métier et de l’organisation à laquelle on appartient…
Seulement 33 % des actifs pleinement satisfaits de leur travail
Ainsi, la Qualité de Vie au Travail (QVT) peut être définie par « un sentiment de bien-être au travail perçu collectivement et individuellement qui englobe l’ambiance, la culture de l’entreprise, l’intérêt du travail, les conditions de travail, le sentiment d’implication, le degré d’autonomie et de responsabilisation, l’égalité, un droit à l’erreur accordé à chacun, une reconnaissance et une valorisation du travail effectué ».
Un sentiment qui fait défaut, selon l’étude de l’ADES, à deux tiers des actifs français interrogés. Seuls 33 % revendiquent leur satisfaction au travail. Il s’agit, en majorité, de salariés qualifiés et d’auto-entrepreneurs. Ces travailleurs qualifiés de « confortables » connaissent peu ou pas de risques professionnels, et jouissent d’une grande autonomie au sein de leurs fonctions.
Aide-soignant, ouvrier des BTP… les 10 métiers où le mal-être règne
Cette typologie précise des facteurs de mal-être au travail a permis à l’ADES d’établir un classement, parfois surprenant, de ces métiers dans lesquels la souffrance physique et/ou psychologique s’avère récurrente. Les métiers de la santé ou du bâtiment y figurent, mais aussi des professions dont la pénibilité est plus difficile à identifier.
Dixième place : Agent de sécurité
De longues stations debout, parfois dans le froid ou sous la pluie : le métier d’agent de sécurité n’a rien d’une sinécure. S’y ajoutent l’ennui causé par l’attente, car cette profession implique fréquemment la surveillance de bâtiments. De plus, les agents de sécurité travaillent souvent selon des horaires décalés.
Neuvième place : Infirmier, sage-femme
Ils connaissent un rythme de travail à flux tendu, et des tâches rendues encore plus complexes par des patients parfois exigeants, les errements de l’administration hospitalière, et une hiérarchie peu compréhensive. Les infirmiers et sages-femmes sont également confrontés à la charge émotionnelle qu’implique ce métier au cœur de l’humain, et aux conflits éthiques.
Huitième place : Artisan du bâtiment
Exposés au bruit et aux risques professionnels, les artisans du bâtiment mettent leur corps à rude épreuve. Ils sont notamment confrontés à des problèmes liés aux postures pénibles qu’ils doivent maintenir tout au long de la journée.
Septième place : ouvrier qualifié des travaux publics, du béton et de l’extraction
Ces employés cumulent les situations de travail difficiles : bruit, tâches physiques et pénibles, lourdes charges horaires.
Sixième place : Métallier, serrurier, réparateur en mécanique
Outre le bruit et les lourdes charges qu’il leur faut parfois transporter, ces ouvriers et artisans subissent parfois un environnement de travail dangereux.
Cinquième place : Employé de banque et d’assurance
Ces professions souffrent en particulier d’un manque de reconnaissance pour leur travail. S’ajoute à cela un rythme intense, et la confrontation à de fréquents conflits éthiques.
Quatrième place : Boucher, charcutier, boulanger
Des métiers physiques, où les horaires décalés sont de mise.
Troisième place : Aide-soignant
Pourtant essentiels au bien-être des patients hospitalisés, les aides-soignants n’estiment pas leur travail reconnu à sa juste mesure. Horaires décalés, fatigue physique et psychologique… de quoi éroder les vocations.
Deuxième place : Serveur, maître d’hôtel, sommelier, employé de l’hôtellerie
Ils travaillent dans un environnement bruyant, sont exposés au manque d’autonomie, au stress, aux horaires décalés… pas si facile de « traverser la rue » !
Première place : Cuisinier
Malgré la renommée offerte à la profession par le biais de programmes télévisés, les horaires importants, la pression imposée et la fatigue subsistent. Le prix à payer pour vivre de sa passion ?
Des employés heureux pour une entreprise plus performante
En France comme ailleurs, la question du bien-être au travail a donné lieu à de nombreuses initiatives en direction des entreprises. Au-delà d’une volonté humaniste, il s’agit aussi de démontrer aux employeurs l’intérêt réel d’une politique d’amélioration du bien-être. Une étude du groupe de prévoyance Apicil et du cabinet Mozart Consulting a souligné que le mal-être professionnel occasionne un coût de 12 600 € par an et par employé dans le secteur privé.
Le collectif HappyTech, qui rassemble des start-ups spécialisées dans la question du bonheur au travail, établit qu’une entreprise de 500 salariés pourrait économiser près d’un million d’euros par an. Il lui suffirait d’utiliser tous les outils à sa disposition pour améliorer la satisfaction de ses employés. Elle pourrait même faire progresser son PIB d’un à trois points, selon la fabrique Spinoza, Think Tank du bonheur en milieu professionnel…
On comprend mieux pourquoi les gouvernements prennent ce sujet au sérieux et déclarent souhaiter placer cette question parmi les sujets prioritaires de leur mandat. Heureusement, les idées ne manquent pas pour instituer une « happy revolution » au bureau. Et ne nécessitent pas forcément des bouleversements en profondeur. Parmi les initiatives accessibles aux entreprises, proposer à chaque employé de se reconnecter avec la nature et le végétal est l’une des solutions qui contribuent au mieux-être professionnel.